Langues et technologies numériques

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24 et 31 janvier 2012 - CM de 1 h 45
Jean-Pierre Chavagne
Université Lyon 2
Cours de L3


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Quel rapport ?

entre langues et technologies

  • une question ancienne
  • une démarche parallèle
  • même nature de l'objet d'apprentissage

Dès que la langue (ou la pensée) est sortie de l'oral pur et simples, elle a eu besoin de techniques pour laisser des signes. Des signes gravés sur la roche à l'ordinateur connecté, il y a un long chemin se complexifiant sans cesse et qui a connu de grandes étapes : l'invention de l'écriture, l'imprimerie, la télécommunication et l'audio-visuel, l'informatique, le Web.

Au moment d'apprendre des langues aujourd'hui, nos langues ou les langues des autres, on le fait en utilisant des technologies, et les deux apprentissages sont inséparables. Malgré tout, l'apprentissage des langues utilise plus ou moins de technologies.

Les langues aussi bien que l'informatique posent à peu près le même problème pour l'apprentissage : on doit pratiquer pour comprendre et pour progresser, le temps passé à apprendre doit être très important, les explications sont peu efficaces, etc.

Une autre similitude est que les langues et les technologies sont davantage des moyens que des fins. On les utilise pour faire autre chose.

Une évolution nouvelle du contexte et des institutions

  • la dimension européenne, l'élargissement de l'Europe
  • Espace européen de l'enseignement supérieur
  • la dimension mondiale, créations de nouveaux espaces économiques, politiques, universitaires
  • Les médias ont changé
  • Langue depuis le CE1
  • CLES dans le supérieur
  • les technologies

Les langues en Europe : un défi pour les politiques linguistique éducatives.

Le sentiment planétaire existe et se généralise.

La création de l'espace européen de l'enseignement supérieur (cf. notre LMD), parallèlement à l'élargissement de l'Europe, nous fait appartenir à un ensemble plurilingue (23 langues officielles, 60 autres langues régionales, 3 alphabets) qui se veut cohérent. Il y a donc un réel problème de communication. Doit-on le laisser aux rares spécialistes (traducteurs) ou élever le niveau moyen de compétences en langues d'un beaucoup plus grand nombre de citoyens européens ? Jusque dans les années 1980, l'isolement était de fait pour chaque pays. Aujourd'hui, cet ensemble politique (l'UE) ou universitaire (ce n'est pas les mêmes pays, il y en davantage dans l'ensemble universitaire, dit « Processus de Bologne », 45 pays avec la participation du Conseil de l'Europe), intensifie une circulation interne (mobilité Erasmus, etc.).

Les médias ont changé (on reçoit des chaînes de TV dans un grand nombre de langues, européennes et extra-européennes. Et, Internet, permet à quiconque équipé d'un ordinateur connecté, d'entrer en contact dans le monde avec toute personne disposant du même équipement. Il y a un nouvel enjeu pour l'enseignement des langues. Les efforts institutionnels sont conséquents : CLES dans le supérieur, langue depuis le CE 1 à partir de septembre 2007. Cet enjeu se traduit par une nouvelle exigence d'efficacité.

Le choix des langues qu'on apprend prend aujourd'hui une toute autre signification parce qu'elles nous ouvrent réellement une partie du monde qui nous dépasse (toujours trop grand pour nous quelle que soit la langue), alors que, avant Internet, on pouvait fort bien passer toute sa vie sans rencontrer un interlocuteur d'une langue qu'on avait apprise.

Les TIC sont en capacité de répondre pour leur part à ces nouvelles exigences du contexte.

Les TIC en plus posent le problème de l'innovation de façon nouvelle. L'innovation a toujours été une force dans tout système. Pour l'éducation, elle est un devoir, et c'est un dû pour l'étudiant (ou l'élève), même s'il ne le réclame pas.

On passe d'écrire pour le seul enseignant à publier pour qui voudra nous lire dans le monde.

Le caractère rapide est innovant facilite et modifie la nature de l'acte de correspondance, distante ou non.

Le coût quasi nul (le matériel utilisé sert à tout, pas seulement à ça).

Permet facilement de faire quelque chose avec la langue qu'on apprend.

Le monde des TIC

  • technologies
  • virtuel
  • numérique, inclusion numérique
  • Internet, Web
  • NTIC, TICE, TIC, NTE, ENT, STIC
  • Information + communication
  • Connecté ou non connecté
  • Interaction avec une personne ou avec une machine

Les technologies pour nous seraient les technologies de l'apprentissage. Voir TIC (Technologies de l'information et de la communication)

Voir les définitions de virtuel, numérique, Internet, Web

TIC (Technologies de l'information et de la communication). Autres sigles voisins : NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication), TICE (Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement), NTE (Nouvelles technologies éducatives), ENT (Environnement numérique de travail), et aussi STIC (Science des Technologies de l’Information et de la Communication).

Les TIC regroupent un ensemble d'appareils nécessaires pour manipuler de l'information, et particulièrement des ordinateurs et programmes nécessaires pour convertir l'information, la stocker, la gérer, la transmettre et la retrouver rapidement. Ces appareils évoluent très vite et l'ordinateur fixe ressemble de plus en plus à l'ordinateur portable et le téléphone cellulaire se rapproche de plus en plus de l'ordinateur.

Tout a commencé par l'invention du télégraphe électrique, puis du téléphone fixe, de la radiotéléphonie et, enfin, de la télévision. L'internet, la télécommunication mobile et le GPS (Global positioning system) sont des TIC. On peut aussi voir dans l'invention de l'écriture la première TIC.

Les trois composantes du concept : les technologies (les instruments), l'information (les données), la communication (la transmission, l'interactivité, le travail en commun). Le C, la communication est de loin ce qui est le plus important en ce qui concerne l'apprentissage des langues.

TIC englobe l'ensemble des technologies qui définissent la société de l'information : informatique, Internet, multimédia, etc., et les systèmes de télécommunications qui permettent la diffusion des données.

Il faut distinguer :

- connecté (Internet, courriels) ou non connecté (Disque dur, CD-Rom),

- et en dialogue direct avec des personnes (humain/humain) ou en dialogue avec les informations d'une machine (humain/machine).

L'introduction progressive de ces technologies aboutit à un changement de notre société. Il ne s'agit pas d'une reproduction à l'identique, à travers les TIC, de la société non-informatisée mais d'un changement en profondeur de la société elle-même (le télétravail par exemple), la non-nécessité croissante des déplacements. Les TIC désignent par conséquent à la fois un ensemble d'innovations technologiques mais également les outils permettant une redéfinition radicale du fonctionnement des organisations, entreprises, groupes, institutions, y compris les institutions scolaires et universitaires. Les TIC ont modifié de nombreux domaines des sciences humaines comme la sociologie, la théorie des organisations ou la gestion. Elles ont transformé le métier de traducteur par exemple.

Parallèlement aux progrès qu'elles apportent, les TIC créent de nouvelles formes d'exclusion sociale par l'apparition d'une « fracture numérique ». Un travail « d'inclusion numérique » est à l'œuvre, avec plus ou moins de conviction ici et là dans le monde. Un exemple récent est le partenariat du gouvernement uruguayen et d'OLPC : Uruguay : Les élèves de primaire équipés du XO de l'OLPC.

Le rapport Fourgous fait état d'un retard de la France en ce domaine.

Le monde de l'école

école = systèmes éducatifs

  • apprenant
  • pédagogie
  • didactique
  • Trois niveaux du système :
    • publics : élèves et étudiants
    • enseignants, chercheurs
    • institutions

Recherche, pédagogie, didactique, innovation

  • La recherche veut changer le monde
  • La pédagogie accompagne les personnes
  • La didactique étudie les objets
  • L'innovation est le moteur du changement dans tout système

Les représentations de l'apprentissage et de la recherche du confort pour la plupart des acteurs de l'apprentissage des langues (élèves, étudiants, enseignants) sont en contradiction franche avec la recherche d'efficacité dans la communication.

éthique et informatique

  • le courrier électronique
  • chartes
  • déontologie des usages

L'éthique : “comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure”

droit et informatique

  • privacité, données personnelles
  • droit d'auteur
  • propriété intellectuelle

Notions de base

  • Objets numériques divers
  • Hypertexte
  • Multimédia
  • Hypermédia
  • multicanalité
  • multiréférentialité
  • interactivité
  • navigabilité

Numériser, c'est transformer en lignes de codes des objets réels en gardant leur apparence. Numérique se dit “digital” en anglais, en portugais, etc. C'est la même notion.

L'informatique est la science des codes qui sont exécutés par les ordinateurs.

L'internet est la structure qui héberge les objets numériques accessibles depuis les ordinateurs connectés : c'est le réseau.

Le Web, c'est l'ensemble des informations sur Internet, ou la Toile (tissée par les liens hypertextes). (http://interstices.info/jcms/c_42755/web-et-internet-cest-la-meme-chose)

L'ensemble des applications d'information ou d'enseignement est basé actuellement sur le principe de l'hypermédia (mot valise formé d'hypertexte et de multimédia).

Le préfixe multi- est prétentieux, il est en concurrence avec pluri-, et avec poly- et signifie vraiment qu'il y a un grand nombre, une abondance de ce que désigne le radical suivant. Multimédia a été emprunté à l'anglais dans les années 90, et désigne l'ensemble des procédés techniques informatiques permettant l'intégration d'information diverses, textes, sons, images et leur transmission simultanée (trois media seulement !). Joël de Rosnay propose « unimedia ».

Une application hypermédia se caractérise par l'association des spécificités de l'hypertexte et du multimédia. De part sa structure hypertextuelle, un hypermédia sera basé sur une navigation de l'utilisateur dans un réseau de données accessibles par un simple clic de souris. Ce concept développé à partir de 1942, s'est concrétisé ces dernières années par l'adjonction des possibilités multimédias des nouveaux matériels informatiques. Ainsi, il est devenu possible d'intégrer des séquences provenant de différents supports (images fixes ou animées, sons, vidéos) à l'intérieur même de l'hypertexte, qui est devenu, de ce fait un hypermédia.

On peut expliquer le succès de ce type de présentation, par la facilité et la convivialité d'utilisation, mais surtout par la rapidité avec laquelle, il est possible de sélectionner et d'accéder à une information.

Même si le principe de l'hypertexte date de plus d'un demi-siècle, ce mode de consultation d'information n'a pu démontrer la pleine mesure de ses possibilités que récemment avec la démocratisation des fonctions multimédias des micro-ordinateurs et l'évolution vers l'hypermédia de l'Internet.

Pour la description des produits multimédia (CD-Rom, DVD, sites) :

  • la multicanalité : différents canaux de communication sont réunis sur le même support, les trois médias texte, image et son sur un CD-Rom, ou DVD-Rom par exemple. Autrefois, il fallait trois objets : projecteur de films fixes, magnétophone à cassette, livre.
  • la multiréférentialité : le texte est en rapport avec le contexte et l'intertexte, ses différentes versions, ses sources, sa genèse, des associations systématiques, ses réseaux référentiels.
  • l'interactivité : c'est le fait d'offrir la possibilité de réactions différentes à l'utilisateur. L'interactivité du produit rend possible l'interaction pour l'utilisateur, c'est-à-dire l'adaptation de l'interlocuteur au contexte et son influence sur lui. Il peut arrêter, repasser, proposer des réponses, changer des éléments, faire des choix. Il faut des connaissances techniques pour interagir, et il faut aussi avoir acquis une stratégie. L'interactivité, c'est le « C » de TIC. Mais on doit distinguer l'interactivité possible avec une machine et un produit, et l'interactivité possible dans une situation de communication entre des personnes.
  • La navigabilité : le fait de pouvoir passer facilement d'un élément à l'autre, de pouvoir parcourir le contenu à sa guise.

Web statique

  • Moteurs de recherches
  • Navigateurs
  • Podcasts
  • RSS

Les moteurs de recherche (exemple : Google) sont des logiciels distants qui exploitent des bases qui ont mis en fiches le contenu du réseau Internet. On les interroge à l'aide d'un logiciel résident : le navigateur (exemple : Firefox). Les podcasts sont des fichiers numériques faits pour être téléchargés. Les RSS sont des flux organisés d'informations d'Internet vers un ordinateur ou un téléphone portable.

Une des principales applications pédagogiques des pages statiques d'Internet et de l'exploitation en général de ce gigantesque fond est la WebQuest.

WebQuests

  • Introduction
  • Tâche
  • Processus
  • Ressources
  • Évaluation
  • Conclusion

Les Webquests (f.) ou cyber-enquêtes, missions virtuelles, enquêtes Internet, Mission virtuelle, cyber-mission, enquête virtuelle, mission Web, interQuête, quête guidée, en Allemagne : Lernabenteuer - aventure d'apprentissage Webquests à court terme ou à long terme, mini webquests, etc.

Les WebQuests sont des activités structurées et guidées fournissant aux élèves une tâche bien définie, ainsi que les ressources et les consignes qui leur permettent de la remplir. Les élèves s'approprient, interprètent et exploitent les informations spécifiques que leur professeur leur aura désignées. Comme Bernie Dodge l'a défini, “une WebQuest est une activité orientée en fonction de l'esprit d'investigation dans laquelle une partie ou la totalité de l'information traitée par les apprenants vient des ressources sur l'internet […] Puisque les liens aux ressources en font partie intégrante, l'élève n'est pas laissé à la dérive dans l'immensité du cyberespace.” La WebQuest concerne toutes les disciplines. Ce n'est pas un scénario propre à l'apprentissage des langues. Selon Dodge, la WebQuest doit contenir six étapes :

1) l'introduction (orienter l'élève et capter son intérêt)

2) la tâche (ce que l'élève doit avoir accompli à la fin de la WebQuest)

3) le processus (l'ensemble des étapes que l'élève doit parcourir pendant l'activité)

4) les ressources (les sites web repérés au préalable par le professeur, mais aussi d'autres ressources)

5) évaluation (les critères ou la grille dévaluation).

6) conclusion - (bilan des acquis, réflexion sur son apprentissage)

Souligner la nécessité de l'encadrement pédagogique pour l'utilisation efficace de ces outils.

Web 2.0

  • Forums et tchattes
  • Wikis
  • Blogs
  • CMS
  • Google Docs, etc.
  • Partage de documents

En plus de forums et des tchattes, détaillés dans les diapos suivantes, le Web social, ou Web 2.0, est fait d'outils technologiques tels que les wikis, les blogs, les CMS, et d'autres espaces permettant d'échanger, et de partager.

Plus élaborés et plus efficaces sont les wikis qui permettent un travail collectif direct sur le document distant, sans le télécharger. Google Docs permet également cette grande souplesse avec un ensemble bureautique distant (traitement de texte, tableur, présentations).

Le blog a en général un seul rédacteur et rend visible et commentable à distance pour un groupe ou pour tout public sur Internet n'importe quel contenu numérique. Le CMS (Content Manager System, Système de gestion de contenus), est plus structuré que le blog et est fait pour un groupe de rédacteurs. Leurs applications en langues responsabilisent les élèves et les étudiants dont les productions sont lues potentiellement par un large public, et non plus par une seule personne, l'enseignant. Voir l'article de Christian Ollivier sur une expérience de publication sur Wikipédia en FLE : http://eurofle.wordpress.com/2007/05/02/fle_wiki_internet/ Pour voir des exemples de blogs utilisés pour l'apprentissage des langues : Les blogs

Tout document numérique peut être déposé sur un serveur distant et rendu accessible à un groupe de personnes qui l'utilisent pour leur information et peuvent également déposer des documents à leur tour pour l'ensemble du groupe (comme le bureau virtuel de Lyon 2). C'est le principe du partage de documents.

Les outils technologiques du Web 2.0 permettent le travail en commun à distance, qui a favorisé le développement de l'intercompréhension et ouvre des perspectives nouvelles en éducation avec les “classes planétaires”.

On peut discuter l'emploi du mot “collaboratif”.

Web 3.0, Web 4.0

Les forums


(échange asynchrone : temps de l'écriture et temps de la lecture différés à volonté) :

Exemple d'échange bilingue asynchrone (4 interventions, ou posts, en deux ans) :

Le forum est un outil de communication authentique puissant. On a tout son temps pour écrire du fait du caractère asynchrone de ce dialogue. On y écrit donc pas « en langage SMS » et on peut viser un écrit de qualité. Le forum est à ce titre un outils puissant de travail de l'expression écrite.

Le citoyen du monde trouve un espace dans les forums : entraide dans tous les domaines, débats qui donne la parole à un très grand nombre de citoyens qui ne l'avaient pas. Tous les journaux attachent des forums à leurs articles.

Les tchattes

ou chat, ou tchat

  • Synchrone ou presque
  • Écrit imparfait
  • Mauvaise réputation
  • Évolution vers les communicateurs instantanés

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(échange synchrone : temps d'écriture “immédiatement” suivi du temps de lecture)

On dit « clavardage » au Canada pour désigner l'activité, pas le logiciel : mot-valise formé sur clavier et bavardage.

Les messageries instantanées permettent le chat. Elles sont utilisées telles quelles dans des projets comme Teletandem Brasil. Des chats font partie des plates-formes telles que Galanet.

Ils sont très étudiés par la recherche en didactique qui tend à prouver leur efficacité pour l'apprentissage des langues.

Leur interdiction dans les salles d'ordinateurs de Lyon 2 relève de la technophobie.

Plates-formes

  • FOAD
  • E-learning
  • Logiciels libres
  • Logiciels propriétaires

Formations ouvertes et à distance (FOAD), FOAD, EAD, FAD, plates-formes d'apprentissage, l'e-learning, les appellations sont nombreuses et se démodent vite, ce qui montre l'évolution incessante des dispositifs. Ce type de formation échappe de plus en plus au cadre institutionnel.

La DGEFP, Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle, a énoncé la définition suivante de la FOAD en 2001 : « Une « formation ouverte et/ou à distance » est un dispositif souple de formation organisé en fonction des besoins individuels ou collectifs (individus, entreprises, territoires). Elle comporte des apprentissages individualisés et l'accès à des ressources et compétences locales ou à distance. Elle n'est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d'un formateur. »

La souplesse de ces dispositifs permet aux étudiants d'organiser leur travail en fonction de leur situation individuelle (actifs, mères de famille, chômeurs, etc.) sans avoir à dépendre de contraintes géographiques ou temporelle. La réponse aux besoins de formation et à la diversité des situations individuelles conduit le plus souvent à la conception de dispositifs hybrides mêlant le présentiel, et des activités à distance, asynchrones ou synchrones, individuelles ou collectives.

La FOAD est une solution particulièrement puissante pour répondre aux besoins de formation tout au long de la vie et de formation continue. Le contexte réglementaire a récemment évolué pour reconnaître à ces dispositifs une valeur officielle d'action de formation. La FOAD est ainsi une opportunité pour l'université de répondre aux importants besoins de formation des actifs, en langues comme dans les autres disciplines.

Le travail en commun à distance peut également s'organiser sur des plates-formes. Il en existe beaucoup faites de logiciels propriétaires ou de logiciels libres. Lingalog rassemble des logiciels libres. Claroline est en “open source”. Moodle est en open source. FourPoint, “utilisé” par Lyon 2 est un logiciel propriétaire.

L'innovation et les résistances à l'innovation

  • Utiliser les TIC sans innover
  • Nouveau rôle de l'enseignant ?
  • Nouveaux modèles linguistiques
  • Tout continue d'exister
  • Nécessité d'un encadrement pédagogique
  • Conceptions de l'apprentissage complexe et fractal
  • Obstacles à l'intégration des TIC à la pratique professionnelle

Les possibilités offertes par les TIC contribuent à s'interroger à nouveau sur le rôle de l'enseignant, mais aussi sur l'acte d'apprentissage : les savoirs, savoir-faire, connaissances que nous mettons en œuvre, où, comment, grâce à qui, grâce à quoi les avons-nous acquis ? De plus en plus d'enseignants mettent ainsi des ressources (polycopiés, banques d'image, etc.) ou des dispositifs (simulations, animations etc.) en ligne afin de pouvoir se concentrer sur l'essentiel dans la relation en « présentiel » avec leurs étudiants.

Il y a le risque d'attribuer aux TIC les mêmes fonctions que celles attribuées aux anciens médias d'apprentissage. Et effectivement, les usages les plus répandus des TIC en pédagogie, notamment universitaire, trahissent une conception limitée de ces médias d'apprentissage. (Il faudrait par exemple analyser les contenus de la plate-forme de cours de Lyon 2 pour voir que, probablement, on y dépose surtout des cours, des documents, des données statiques, les mêmes qu'on mettait sur le papier.) La conception du podcast à Lyon 2 est de filmer un cours tel quel sans rien changer. Or, le podcast est un nouveau format auquel il est impensable de ne pas adapter le contenu (montages, sous-titrages, simultanéités, etc.).

Les TIC conduisent-elles à de nouveaux rapports aux savoirs en langues par la généralisation du modèle de l'autodidaxie et l'inutilité d'un enseignant dont la fonction de modèle linguistique central est désormais remplie par les supports multimédia ?

Les centres de ressources (dont les centres de langues tels celui de Lyon 2) apportent une autre réponse : intégrées, au sein de dispositifs de formation globaux, dans des démarches (autoformation guidée,…), des séquences pédagogiques et des réseaux élargis d'interactions sociales, les ressources multimédias, complémentaires des ressources plus classiques, acquièrent une fonction essentielle déterminée par une logique de l'apprentissage, dans laquelle l'autonomie des apprenants se construit dans une relation à des enseignants dont le rôle est alors renouvelé.

Les TIC changent-elles les rapports aux savoirs en langues par une plus grande activité de l'élève ou de l'étudiant et une réorientation du rôle de l'enseignant qui n'est plus le modèle linguistique unique ? La réponse est oui, mais les TIC ne se suffisent pas en elles-mêmes. L'encadrement pédagogique ne cesse pas d'être primordial. Le Centre de Langues de Lyon 2, et d'autres centres de ressources intègrent les TIC, au sein de dispositifs de formation, d'environnements d'apprentissages complexes, dans des démarches (autoformation, ou autonomie guidée…). Elles deviennent complémentaires de ressources classiques, mais ne les font pas disparaître.

L'autonomie des élèves et des étudiants se construit dans une autre relation à des enseignants dont le rôle évolue.

Ce qui semble donc évident, c'est la nécessité d'un encadrement pédagogique pour que l'élève ou l'étudiant tire un réel profit de ses activités avec les TIC.

Mais ces changements s'associent à une nouvelle représentation des apprentissages : complexe et fractal (représentation systémique) s'oppose à linéaire et séquentiel (représentation traditionnelle).

Pour que le formateur intègre les TIC à sa pratique professionnelle, il doit pouvoir accéder facilement à la technologie et avoir une maîtrise suffisante des outils informatiques. La connaissance des technologies est indispensable à l'utilisation des TIC. Or, le manque de formation du personnel enseignant en ce domaine existe. Les difficultés qu'éprouve le formateur sont réelles :

  • crainte d'un surplus de travail ;
  • demande une transformation du style pédagogique, or : contraintes pédagogiques (dans le second degré particulièrement) ;
  • manque de temps, il faut en perdre beaucoup pour s'autoformer en ce domaine ;
  • manque de formation adaptée, ou pas de formation du tout ;
  • risques d'échecs, et peur de ce risque, risques de pannes ;
  • réactions des étudiants, des élèves, des parents, qui croient majoritairement aux vieilles recettes ;
  • soutien technique déficient, et matériel informatique défaillant ou vétuste ;
  • diverses formes de résistances aux changements technologiques.

Le scolaire et le social

  • Web social
  • Pronétariat
  • Interactivité
  • Communication
  • Collaboration interindividuelle

Et si les TIC se développaient dans une direction radicalement opposée au système scolaire ? Bruno Duvauchelle (3 citations d'une de ces chroniques, ci-dessous) se pose cette question :

« Le web 2.0 me semble une bonne illustration de cette hypothèse. Rappelons que ce qui est nommé ainsi c'est le fait que de plus en plus d'usagers adoptent sur Internet les pratiques collectives, collaboratives et interactives que leur permet Internet. Le symbole représenté par le 2.0 est là pour signaler que l'on change de génération dans les possibilités techniques (interactivité, réseaux d'échange etc.) par rapport à une première période (sites écrits en HTML, difficulté d'échange pour les non initiés, usages sommaires…). »

« C'est pourquoi, plutôt que de parler de web 2.0, j'utiliserai plus volontiers l'expression de “web social”. Car ce n'est pas la technologie qui change, ce sont les pratiques. Ainsi quand Joël de Rosnay utilise le néologisme de “pronétariat”, il met l'accent sur cette socialisation nouvelle des TIC qui se traduit par de nouvelles sociabilités.»

« Comme il est de coutume dans notre société française de désigner facilement le système scolaire comme responsable de la lutte contre les maux de la société, on ne s'étonne pas de lire ces articles qui fustigent parfois, mettent en évidence souvent, la résistance des enseignants. Or il me semble que les technologies qui se développent sont à l'opposé du modèle scolaire : la réussite scolaire est vécue comme individuelle, l'enseignant exerce souvent sa profession dans une certaine solitude (pas ou peu de temps de concertation au collège et au lycée), le modèle dissymétrique maître élève est dominant, etc. Or l'interactivité, la communication interindividuelle, la collaboration sont des valeurs portées par le “web social” qui vont à l'encontre de la “forme scolaire” canonique. La fonction sociale de l'école est plus souvent vécue comme une fonction de tri plutôt que d'intégration. Or la socialisation et la sociabilité se développent désormais de plus en s'appuyant sur les services offerts par les technologies.

Soucieuse de contrôle et de sécurité, et à juste titre compte tenu du contexte politique, l'école est progressivement mise “hors jeu” (la métaphore est opportune ici) de ce mouvement qui propose de prendre des risques dans les relations, de dépasser les murs des établissements et des maisons, de s'ouvrir au monde, aux informations et aux savoirs sans médiation. »1)

On lira aussi avec profit les considérations de Denis Kambouchner (entre autres) dans Denis Kambouchner, Philippe Meirieu, Bernard Stiegler, Julien Gautier et Guillaume Vergne (2012). L'école, le numérique et la société qui vient. Paris : Mille et une nuits. “La tension est indiscutable, mais aussi la nécessité de ne rien simplifier, et l'inconséquence qu'il y aurait à poser le problème pédagogique en termes de tout ou rien.”, et notamment les pages 155 à 157.

Sitographie

(tous les sites vérifiés le 7 décembre 2010)

Sitographie (suite)

Compléments pour la réflexion

Fin

Merci de votre attention.

Pour toute question : jpc

1)
Les trois citations sont tirées de : Bruno Duvauchelle, Editorial - N°74, Édition du 24-06-2006, Le Café Pédagogique, « Le développement d'Internet et des TIC est-il compatible avec l'école ? » www.cafepedagogique.net/.