Considérations sur le plurilinguisme et sa didactique

Le plurilinguisme, c'est la complexité dans les relations humaines orales, signées, et écrites. On voit le parallèle avec la pluridisciplinarité également plus féconde que l'isolement des disciplines, ou une haute spécialisation étanche. On peut s'inspirer des théories d'Edgar Morin sur la complexité pour considérer le plurilinguisme et s'en servir d'argument pour lui faire une place dans les systèmes éducatifs institutionnels.

Les langues ne sont pas des sciences mais des systèmes interdépendants. Le plurilinguisme prend en compte cette interdépendance.

Le plurilinguisme, c'est le respect et l'affirmation de l'identité de chacun. On ne recherche pas des compétences égales pour tous dans une seule langue, mais des compétences variées et complémentaires dans un nombre variable de langues diverses et complémentaires.

Les technologies (traducteurs automatiques notamment, mais aussi l'accès rapide à des centaines de langues sur Internet) interrogent le plurilinguisme et l'oblige à un glissement de compétences : il faut savoir s'en servir consciemment.

L'enseignement du plurilinguisme contribue à nous apprendre à nous comprendre les uns les autres autant que l'enseignement de la philosophie.

On ne doit pas réduire la didactique à son histoire, pas plus la didactique du plurilinguisme, même si cette histoire peut avoir quelque intérêt.

Être spécialiste d'une langue, enseignant de langue, ce n'est pas être linguiste.

On ne peut pas être spécialiste de tout. Le plurilinguisme fait apparaître la nécessité de relations avec d'autres, dans la vie comme dans l'apprentissage.

Il y a un mouvement qui s'amorce vers le regroupement des langues les apprentissages en institution, le même qui se fait dans le regroupement des sciences. Il va vers la prise en compte de la complexité pour être plus en accord avec le monde.

Il y a quelque chose de planétaire dans le plurilinguisme qu'il n'y a pas dans le monolinguisme (de la salle de classe). Enseigner une langue isolément et généralement sans contact avec les natifs, c'est ajouter une difficulté quasi indépassable à apprentissage, et aussi un stress stérile avec parfois le mythe du locuteur natif.

Les relations du plurilinguisme avec les technologies sont plus franches que les relations d'un enseignement traditionnel des langues avec les technologies, et plus productives.

L'esprit du plurilinguisme valorise ce qu'on sait dans une langue, même si on sait peu de chose de cette langue. C'est ainsi que tous ceux qui en France n'ont jamais réussi à parler anglais peuvent utiliser ce qu'il savent de l'anglais pour comprendre les autres langues.