Les luttes du MPLA dans le contexte international

Quentin Ottavi

La guerre d’indépendance de L’Angola(1961-1975)

Le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l'Angola) a été fondé en 1956 sous la direction de Mario de Andrade et d'Agostinho Neto, c’était l’un des trois mouvements qui luttaient pour l’indépendance de l’Angola avec l’UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola) et le FNLA (Front national de Libération de l'Angola). Le MPLA était un mouvement Marxiste qui luttait contre le Portugal qui colonisait l’Angola et qui faisait partie du bloc de l’ouest donc le MPLA fut aidé dans sa lutte contre la colonisation portugaise par des pays du bloc de l’Est comme l’URSS et Cuba. Le Portugal quant à lui a bénéficié de l’aide de l’Afrique du sud. Cuba a fourni des armes et des soldats au MPLA et les soldats cubains ont même participé à des batailles importantes lors de cette guerre et l’URSS fournissait essentiellement un soutien matériel et financier grâce aux accords d’Alvor signé en Janvier 1975. L’Angola gagne son indépendance mais ce n’est pas pour cela que la lutte du MPLA est finie pour le MPLA

La Guerre Civile(1975-2002)

Après les accords d’Alvor prévoyant la mise en place d'un gouvernement provisoire quadripartite (Portugal, MPLA, Unita, FNLA), Agostinho Neto (président du MPLA) devient président de l’Angola donc le MPLA ne respecte donc pas les accords d’Alvor. L’UNITA et le le FNLA décident aussitôt de former un gouvernement rival à celui Agostinho Neto ce qui va plonger l’Angola dans une guerre civile très meurtrière. L’UNITA et le FNLA ne se réclamant pas du communisme. Cuba envoie toujours des soldats aidés les troupes du MPLA et L’URSS continue à aider matériellement le MPLA cette aide permet au MPLA de triompher du FNLA en janvier 1976 mais la lutte continue contre l’UNITA de Savimbi qui est aidé par l’Afrique du Sud depuis 1975 et les États-Unis depuis les années 80 (sous Reagan). Au début des années 1990. Le MPLA opère sous la direction de José Eduardo Dos Santos une transition progressive vers le libéralisme et le MPLA ses soutien historique(Les cubains se retirent peu à peu et l’URSS est démanteler).Grâce a cela les avancés militaires du FNLA sont nombreuses .Ces avancées permettent la négociation en mai 1991 des accords d'Estoril et de Bicesse qui prévoient l'organisation d’élection-multipartite sous le contrôle des Nations unies en 1992. Le MPLA en sort largement vainqueur et son secrétaire général, José Eduardo Dos Santos est élu au premier tour. L’UNITA ne reconnaît pas cette défaite et continue la lutte mais maintenant l’UNITA est isolé sur le plan international. Puisque seul le Zaïre la soutient et que l’UNITA est sanctionné par les Nations Unies en 1994. En 2002 Savimbi le chef de l’UNITA meurt lors d’une attaque ce qui affaiblit fortement l’UNITA qui accepte la capitulation a partir de cette date et devient le principal partie d’opposition au MPLA.

Le MPLA, Histoire et conséquences actuelles de la guerre civile

I. Historique du MPLA et de la guerre civile

II. Les grandes figures de l'Angola post-colonial, La première génération du MPLA : de Viriato da Cruz à Agostinho Neto

LILY MUNSON

Les premiers leaders du MPLA, le Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola, sont des gens éduqués, qui ont découvert Marx et les penseurs socialistes du 19e, en Angola même, mais aussi à travers leur formation universitaire européenne. Aussi, il semble intéressant de comprendre qui étaient les différents membres de cette première génération du MPLA, comment ils ont pu s'organiser et fonder le Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola, aujourd'hui encore au pouvoir et enfin, quelle position internationale, dans le contexte tendu de la Guerre Froide, ces dirigeants angolais ont réussi à obtenir pour leur pays alors que leur marxisme est vite dépassé par une puissante idéologie nationaliste, soulignant par là leur volonté de lutter contre la colonisation avant tout et revendiquant la spécificité Africaine.

La première génération du MPLA : des élites éclairées, formées en métropole

Le MPLA est formé en 1956 par la fusion entre le Parti de la Lutte Unie des Africains et le mouvement pour l'Indépendance nationale de l'Angola, ses premiers dirigeants en 1960, alors que le mouvement se constitue véritablement comme entité politique, sont Mario de Andrade (1928-1990), considéré comme le père du nationalisme angolais et Viriato da Cruz (1928-1973). Quelques années plus tard, à l'indépendance, viennent se greffer à cette direction Agostinho Neto (1922-1979) et Lucio Lara. Ces dirigeants de la première heure sont pour la plupart – à l'exception de Mario Andrade, des assimilados Métis et Noirs, issus d'une classe moyenne, parfois même aisée, ce qui leur a en effet permis, grâce à un système de bourse, de poursuivre leur éducation au Portugal et notamment à Lisbonne. Ainsi, Agostinho Neto est un des rares Noirs angolais à obtenir son doctorat de médecine. Aussi, la formation universitaire en métropole des futures élites politiques des colonies semble être un processus courant dans l'histoire des pays d'Afrique et de la décolonisation. La génération des étudiants angolais d'après guerre est donc un groupe plus ou moins homogène qui se retrouve et s'organise à travers la Casa dos estudantes do Império à Lisbonne, organe essentiel à la fondation d'un mouvement angolais car constitue une structure d'accueil pour tous les Angolais établis à l'étranger ; c'est un réseau culturel qui permet d'organiser des manifestations, établir des bulletins auxquels Neto lui même a participé. Ainsi, Agostinho Neto côtoie Amilcar Cabral, le fondateur du Parti Africain pour l'Indépendance du Cap Vert et de la Guinée mais aussi Marcelino dos Santos, membre fondateur du FRELIMO. Le mouvement angolais qui se constitue alors est, avant toute chose, un mouvement culturel. Les futurs leaders font parti d'un milieu intellectuel, participant tous à de nombreux journaux et travaux littéraires. Aussi, Neto ou encore Viriato da Cruz restent extrêmement populaire en Angola pour leurs poésies. Un sondage réalisé en 2003 par ANGOP montre que Neto reste un des auteurs portugais les plus lus. Il publie dans les revues de Coimbra et Mensagem, la dernière étant tenue par da Cruz dès 1948. Cet engagement intellectuel et littéraire leur permet de faire passer un premier message d'appel à la révolte qui est d'ordre culturel : c'est le mouvement « Vamos descobrir Angola » qui vise à inciter les jeunes à redécouvrir la culture et le patrimoine angolais, exigeant l'expression des intérêts populaires et de « l'authentique nature africaine » selon les mots de Viriato da Cruz. Le mouvement se traduit par la formation de nombreux groupes et clubs, ainsi que par la multiplication des tracs et des cours informels d'alphabétisation entre autres. Il rencontre toutefois une forte répression de la part de la Policia International de Defesa de Estado (PIDE). Ces jeunes assimilados refusent donc leur statut de colonisés privilégiés et appellent la société entière à la révolte qu'ils pensent à partir l'idéologie marxiste-léniniste qu'ils défendent. Ils sont, en effet, tous imprégnés des théories communistes très en vogue au Portugal à l'époque et qui leur permet de penser la lutte anti-impérialisme.

Leur engagement politique difficile et les luttes internes

Le MPLA constitue la première opposition plus ou moins organisée face à la domination portugaise. Aussi, ses membres sont donc considérés par le régime salazariste très attaché à ses possessions coloniales, comme des ennemis politiques à écarter. Dès 1951, alors qu'il finissait ses études de médecine à Lisbonne, Neto est donc arrêté par la PIDE et c'est durant ce long emprisonnement qu'il est nommé par Amnesty International, Prisonnier de l'année. La lutte se fait dans un premier temps contre l'oppresseur impérialiste qui refuse l'indépendance. Aussi, alors que Neto rentre s'établir en Angola en 1959, il est, encore une fois, arrêté par les Portugais en 1960, événement qui conduit au terrible massacre de Icolo e Bengo – les habitants s'étant révoltés face à l'arrestation du médecin. Il est dans un premier temps exilé au Cap Vert pour ensuite être envoyé en prison à Lisbonne mais réussit à s'échapper au Maroc puis au Zaïre. C'est alors qu'il devient le président du MPLA et qu'il dirige les forces armées en marche depuis 1961 contre le colon Portugais. De 1961 à 1974, Neto œuvre pour empêcher le MPLA de céder aux luttes entre factions tout en essuyant des défaites face aux Portugais ainsi que face à l'UNITA et au FNLA. En effet, si la lutte est d'abord anti-impérialiste, elle se transforme dès l'indépendance en une lutte interne entre ces dirigeants de la première heure en désaccord sur les alliances à ériger et le mode de pouvoir à formuler. La MPLA est caractérisée par les nombreuses dissensions internes qui le parcourent. Viriato da Cruz, par exemple, est lui jugé trop « extrémiste », et est exclu du MPLA en juillet 1963 pour indiscipline et ambition personnelle. Il se rapproche alors du FNLA – Front National de Libération de l'Angola, parti opposé au MPLA - , avant de se réfugier en Algérie, en France, puis en Chine Populaire à la fin des années 1960. Aussi, le MPLA, dès son arrivée au pouvoir en 1975, efface la mémoire de son fondateur et ce dernier n'est plus évoqué qu'en tant que « grand poète angolais » tout comme Andrade. De plus, pour tenter de lutter contre les rebelles angolais, les militaires portugais introduisent de nombreux agents de renseignement et « provocateurs » au sein du MPLA, favorisant alors un climat de complots. La direction du mouvement se pare désormais d'un autoritarisme qui ne plaît pas à tous ses membres et qualifie de contre-révolution les critiques adressées par ces derniers. Trois courants se dessinent alors au sein du MPLA : les pro-Neto, les plus orthodoxes, les pro-Andrade, Pinto de Andrade étant le frère de Mario qui lui s'est exilé en Europe après avoir fondé une faction dissidente, Révolte Active en 1974, déçu de la nature autoritaire du commandement du MPLA, les pro-Chidenda, commandant venant du FNLA et qui ne cesse de changer de camp, retournant au Front National de Libération en 1975 avec ses forces armées pour ensuite revenir au MPLA en 1988. Des telles divisions affaiblissent considérablement le mouvement bien que Neto arrive à prendre le dessus à l'indépendance, soutenu par la grande puissance soviétique.

L'abandon progressif du marxisme-léninisme par les grandes figures angolaises au profit d'un véritable combat nationaliste : les exemple de Viriato da Cruz et d'Agostinho Neto

Dans un premier temps, L'URSS soutient massivement Agostinho Neto en lui fournissant, à l'indépendance l'équivalent de 200 millions de dollars en équipement militaire, alors que Cuba envoie dans le pays quelques 12 000 soldats. Le Président Neto explique que le Parti sera basé sur une synthèse entre la théorie marxiste-léniniste et l'expérience révolutionnaire angolaise. Dès 1964, il se rend à Moscou pour obtenir la réaffirmation du soutien soviétique. L'Angola se place donc clairement dans le bloc de l'Est, alors que le MPLA au pouvoir est un allié privilégié de Moscou. Aussi, le gouvernement angolais signe un traité de 20 ans d'amitié et de coopération avec l'URSS et le 10 décembre 1977, le parti se dote de deux lettres supplémentaires affirmant ses principes marxistes (MPLA-PT Parti Travailleur). Toutefois, Neto privilégie l'idéologie nationaliste à la tutelle soviétique et effectue un voyage au Zaïre pour y rencontrer Mobutu, soutenu par les Etats-Unis. C'est ensuite Mobutu qui vient en Angola en 1978 afin de signer un pacte de non-agression. De plus, il annonce quelque temps après qu'il souhaite évacuer les cubains du territoire angolais pour les remplacer par une commission conjointe Portugal-Angola et France. Ouvrant par la suite la longue frontière avec le Zaïre et amnistiant de nombreux prisonniers politiques, il semble dévier assez sûrement de la doctrine socialiste. Neto autorise l'implantation de compagnies occidentales en Angola, notamment pétrolières et détend les relations avec Washington, tout en excluant du parti les théoriciens les plus marxistes tels que Nito Alves. Aussi, la rupture avec l'URSS s'accentue quand cette dernière ne lui donne pas son aide lors de la tentative de coup d'Etat effectué par Alves en 1977. En 1978, alors qu'il comprend sa mise au ban par ses camarades, Neto prononce un dernier discours à Malange qui affirme de manière plus claire que jamais sa position de non aligné. C'est alors qu'en 1979, Brejnev invite le président Angolais à Moscou, voyage durant lequel ce dernier meurt soudainement, sans que l'on sache jamais réellement la cause exacte de son décès. Aussitôt apparaît le successeur de Neto, José Eduardo dos Santos qui a lui été éduqué en URSS et est marié à une Russe. On remarque donc un éloignement de Neto de la doctrine marxiste mais surtout l'affirmation de son combat comme étant un combat particulier, contre le colonialisme et pour la liberté des peuples africains envers toute forme de domination. Ce combat se retrouve d'autre part dans le personnage de Viriato da Cruz  qui illustre l'ambivalence de la situation Angolaise face à l'influence socialiste. Viriato Da Cruz qui fait de nombreux voyages à l'Ouest, soutient l'idée que le marxisme-léninisme et le socialisme permettrons à l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine de se libérer de l'exploitation coloniale. Toutefois, l'URSS étant très autoritaire, de nombreux Africains comme Viriato da Cruz choisissent de se tourner vers la Chine Populaire, pays socialiste du Tiers-Monde, donc du monde non blanc. Da Cruz s'y installe mais lorsqu'on lui demande de rédiger des rapports faussés oubliant les failles énormes des régimes « progressistes » africains dont l'économie néo-coloniale ne se différencie en rien du système en vigueur dans les pays voisins dits « réactionnaires », il refuse et choisit de condamner toute ingérence chinoise, soutenant que l'Afrique doit se libérer seule. Il est alors mis au ban par l'Etat chinois qui l'empêche de quitter le pays. Ce destin quelque peu tragique subit par Viriato da Cruz souligne bien l'importance de l'aspect nationaliste du combat mené par les premiers dirigeants du MPLA, qui, bien que le socialisme leur permettent de le formuler, ne perdent pas de vue leur but, obtenir une indépendance réelle de l'Angola.

Sources  - L'Angola post colonial (tome 1) de Christine Messiant - Angola, 20 ans de guerre civile de Dia Kassembe - Historical dictionnary of Angola de V. Martin James

III. L'évolution de la maîtrise territoriale du MPLA (1956 - 2002)

Pedro de Oliveira

Après sa création comme mouvement indépendantiste en 1956, le MPLA entama une lutte armée contre le Portugal ; ensuite, au cours d'une longue guerre civile, il s'affirma contre ses opposants politiques, en particulier l'UNITA. Par quels moyens et à quel rythme le MPLA a-t-il pris le contrôle de tout le territoire angolais ?

1) Création du MPLA et Guerre d'Indépendance : la guérilla et les précaires “zones libérées”

Lors de la création du parti en 1956, le MPLA s'appuie surtout sur l'ethnie Mbundu. Son implantation territoriale est avant tout urbaine, et elle concerne les régions de Luanda, Bengo, Cuanza Nord et Sud et Malange. On pourrait étendre l'influence du MPLA jusqu'à la Nouvelle-Lisbonne – aujourd'hui Huambo. Le parti regroupe en effet parmi ses membres l'élite africaine urbaine ayant fait ses études au Portugal, dont le médecin Agostinho Neto est l'exemple parfait.

Provinces actuelles de l'Angola

Pour des raisons de sécurité évidentes, le MPLA établit son siège à Kinshasa, Zaïre (actuellement la République Démocratique du Congo). Pourtant, en 1963, Mobutu l'en chassa à cause des liens très proches qu'il entretenait avec le FNLA d'Holden Roberto (soutenu par l'ethnie Kongo, et très fortement implanté dans le Nord de l'Angola) ; le parti établit alors son nouveau siège à Brazzaville, et essaya de prendre le contrôle du Nord de l'Angola, mais ses troupes se heurtèrent à l'armée portugaise et au FNLA, contre lequel elles commencèrent désormais à se battre ; le MPLA tenta aussi de contrôler l'enclave de Cabinda, mais ce fut un échec : le Portugal avait renforcé militairement les points stratégiques du territoire pour défendre la Gulf Oil Company, qui en exploitait alors les ressources pétrolières.

En 1966, après la paralysie imposée à ses troupes dans le Nord, le MPLA décida d'investir l'Est du territoire angolais en attaquant les forces portugaises dans la province de Moxico : ce fut un nouvel échec militaire. Les guérilleros reculèrent alors vers le Sud – la province de Cuando-Cubango, où ils s'installèrent. L'armée portugaise en maîtrisait d'abord les populations et les voies de communication, mais dès 1967 le MPLA se rapprocha des populations et obtint quelques menus succès militaires, qui suffirent pourtant à forger le concept de “zone libérée” (“zona libertada”), appliqué désormais au Sud-Est de l'Angola. Un autre événement majeur détermina un changement du rapport de forces : en mars 1966 fut créée l'UNITA de Jonas Savimbi – un dissident du FNLA soutenu par son ethnie, les Ovimbundu (Plateau Central et Sud-Ouest du territoire angolais). Pourtant, l'UNITA était, lors de sa création, implantée militairement dans le Sud-Est de l'Angola, partie alors la plus vulnérable du territoire, que venait d'investir le MPLA. Le MPLA et l'UNITA devinrent très rapidement rivaux.

Ethnies de l'Angola

En 1968, des forces du MPLA avancèrent vers la ville de Malange (dans le Nord) pour y implanter les structures nécessaires aux activités de la guérilla et surtout pour permettre un point de contact entre les forces du Nord et celles du front oriental, ce qui faciliterait la circulation d'hommes, munitions et médicaments. Le MPLA devenait alors le parti le plus prééminent dans la lutte armée pour l'indépendance : le FNLA fut rayé des listes de partis soutenus par l'OUA (ancêtre de l'Union Africaine) et le MPLA devint le seul bénéficiaire de cette aide.

Alors que le MPLA avait partagé le territoire en six “Régions Militaires” – ce qui démontre bien une ambition de maîtriser l'ensemble de l'Angola, ne serait-ce que sur une carte – sa situation sur le terrain empira : les Forces Armées Portugaises coupèrent les routes d'approvisionnement partant de la Zambie (d'où provenait la plupart de l'armement soviétique), et l'UNITA gagna en puissance dans l'Est et dans l'actuelle province de Huambo. Le MPLA, trop étalé sur le territoire et luttant contre l'armée portugaise et contre l'UNITA (qui est à différents moments proche du Portugal, notamment par l'intermédiaire de la PIDE – Polícia Internacional de Defesa do Estado, police politique du régime salazariste), s'affaiblit considérablement à partir de 1970. Il fut en outre affaibli par des tensions internes (entre Neto et Daniel Chipenda, notamment), et en 1973 il quitta entièrement le front oriental et limita ses opérations militaires à l'enclave de Cabinda, avec l'aide technique d'instructeurs cubains. L'aide de l'URSS diminua à ce moment-là : or c'était un des grands avantages du MPLA que de recevoir de l'armement soviétique (pistolets Tokarev, fusils Kalashnikov, mines, grenades, etc.).

2) L'Indépendance de l'Angola et la Guerre Civile contre l'UNITA

Après l'Indépendance de l'Angola (11 novembre 1975), le MPLA prit le pouvoir à Luanda (qu'il contrôlait depuis l'armistice avec le Forces Armées Portugaises), et alors que le FNLA et l'UNITA déclenchaient la Guerre civile, le parti d'Agostinho Neto occupa Cabinda (le FLEC – Front pour la Libération de l'Enclave de Cabinda – n'ayant pas été invité aux négociations précédant l'accord d'Alvor). La Guerre Civile étant imminente, le MPLA protégea les réserves d'hydrocarbures et signa des contrats avec des compagnies d'extraction de pétrole américaines qui lui assurèrent une rente importante. Cabinda resta un acquis du MPLA jusqu'à la fin de la Guerre Civile, malgré l'influence du FLEC dans les régions rurales, celui-ci étant d'ailleurs soutenu à partir des années 1980 par l'UNITA.

Opérations de la SWAPO et de l'Afrique du Sud dans l'espace frontalier (78-80)

Pendant la première année de la Guerre Civile, le MPLA – fort de l'aide d'une importante Force Expéditionnaire cubaine – prit le contrôle des principales villes de la moitié Ouest du territoire. L'UNITA, chassée de Huambo en 1975, dut se replier dans l'Est ; ses liens avec l'Afrique du Sud s'approfondirent à partir de ces années : l'Afrique du Sud contrôlait alors le Sud-Ouest Africain (territoire aujourd'hui indépendant sous le nom de Namibie), dont la SWAPO (South-West African People's Organisation) menait une guérilla contre l'occupation sud-africaine à partir de bases militaires situées dans le Sud de l'Angola. Les principaux épisodes militaires du début de la Guerre Civile furent ainsi provoquées par les incursions sud-africaines visant à neutraliser la SWAPO et à affaiblir le MPLA. La guerre se déroulait alors dans le Sud – alors que dans le Nord le FNLA était quasiment inactif : dans les années 1978-1980, l'Afrique du Sud lança des raids aux marges du territoire angolais (ne dépassant jamais la hauteur de Menongue) que l'UNITA essayait de suivre. Néanmoins, les forces sud-africaines ne menant pas une guerre d'occupation, l'UNITA ne gardait qu'un contrôle éphémère des territoires méridionaux à l'Ouest de l'Angola, et ne parvenait pas à y trouver de base urbaine à la fois importante et stable.

Pendant les années 1980, la situation géopolitique ne présenta pas de changements majeurs, malgré l'intensification de la guerre. En effet, les forces cubaines soutenant le MPLA étaient en 1988 au nombre de 60 000, alors qu'en 1982 elles n'étaient composées “que” de 35 000 hommes ; l'UNITA jouissait en plus du soutient des Etats Unis dans le contexte de la Guerre Froide. Ainsi, en 1985, le MPLA essaya de capturer le petit bourg de Mavinga (30 000 habitants), où se trouvait un dépôt d'armement de l'UNITA, à partir de Menongue : il n'y parvint pas. À des opérations militaires de plus en plus impressionnantes ne correspondirent donc ni gains teritoriaux, ni changement de la situation géopolitique globale. Entre septembre 1987 et mars 1988 se déroula la bataille de Cuito Cuanavale (province de Cuando-Cubango), deuxième bataille la plus importante en nombre de troupes en Afrique après El-Alamein (1942) : l'UNITA et l'armée sud-africaine attaquèrent la bourgade de Cuito Cuanavale maîtrisée par le MPLA, réussirent à la prendre mais furent repoussés dès qu'arrivèrent les renforts cubains.

Après la signature des accords de Bicesse en 1991 à Lisbonne, des élections présidentielles furent organisées et les troupes étrangères quittèrent le territoire angolais ; suite à la victoire de José Eduardo dos Santos, les résultats furent contestés par l'UNITA, qui reprit les armes en octobre 1992. N'ayant pas démobilisé ses forces armées, l'UNITA détenait alors un fort avantage par rapport au gouvernement du MPLA, qui avait partiellement respecté les accords de désarmement. Chassée de Luanda, elle s'établit solidement à Huambo et menaça les régions pétrolières, c'est-à-dire le tiers Nord du littoral, en occupant des villes dans les provinces de Bengo, Uíge et Zaïre, même si elle échoua à prendre Cabinda ; elle contrôlait alors jusqu'à 60% du territoire.

Néanmoins, la situation s'inversa en 1993 : ayant hypothéqué les revenus pétroliers pour sept ans (85% des recettes budgétaires de cette année), le MPLA procéda à un réarmement des troupes gouvernementales pour passer à l'offensive. Le MPLA prit alors deux points importants : la ville de Huambo (symboliquement capitale pour l'UNITA) et les mines de Cafunfo, dans la région de Lunda – région diamantifère contrôlée depuis le début de la Guerre Civile par le parti de Savimbi, financièrement essentielle. Les accords de Lusaka furent signés en 1994 et reconnurent la victoire du MPLA. La guerre reprit néanmoins en 1998, mais le MPLA était désormais soutenu par les Etats Unis et la plupart de la communauté internationale. L'UNITA disposait encore de quelques positions autour de Huambo et dans l'Est, mais ne contrôlait plus qu'une portion peu importante du territoire. Ses actions militaires étaient quasiment limitées à des attaques terroristes aux villes dominées par le MPLA. En 2002, Jonas Savimbi fut tué par les troupes du MPLA dans la province de Moxico, et la guerre civile s'éteignit : l'UNITA devint un parti politique d'opposition au gouvernement du MPLA, qui contrôle désormais militairement le territoire angolais.

Conclusion :

Pour finir, citons l'article sur l'Angola du site http://afriquepluriel.ruwenzori.net : «Politiquement, personne ne tient un pays dont les brousses sont abandonnées à elles-mêmes depuis vingt ans et où les villes, havres d'une masse de réfugiés, sont le lieu de tous les trafics. Pétrole pour le MPLA, diamants pour l'UNITA, en finançant une guerre de riches, de spécialistes, ont permis de négliger le peuple ; ces ressources ont provoqué un pourrissement social généralisé. Il n'y a jamais eu trop d'État en Angola, mais une absence d'État.» Certes, le MPLA contrôle militairement l'Angola, mais le grand défi consiste désormais en une vraie maîtrise géopolitique, qui dépasse amplement le cadre militaire.

Bibliographie :

LACOSTE : Dictionnaire de géopolitique (1998) ;

MAI, WISNER, NASH, FRANKEL et altera (Council on Foreign Relations) : Rumo a uma estratégia para Angola : prioridade para as relações entre Angola e os Estados Unidos da América (2007) (traduction portugaise) ;

MELO, João de : Os Anos da Guerra (1961-1975) (1988) ;

Sitographie :

http://www.guerracolonial.org/ (date de la dernière consultation : 15/12/2012)

http://afriquepluriel.ruwenzori.net/angola-b.htm (15/12/2012)

http://en.wikipedia.org/wiki/Angolan_Civil_War (15/12/2012)

http://pt.wikipedia.org/wiki/Guerra_de_Independ%C3%AAncia_de_Angola#cite_note-tasp-90 (15/12/2012)

http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Cuito_Cuanavale(15/12/2012)

http://www.mapsofworld.com/ (15/12/2012) (document 1)

http://pt.wikipedia.org/wiki/L%C3%ADnguas_de_Angola (15/12/2012) (document 2)

http://en.wikipedia.org/wiki/Angolan_civil_war (17/12/2012) (document 3)

IV. LES OPPOSANTS DU MPLA

Aude

Malgré sa prédominance sur la scène politique angolaise, depuis sa création en 1958, le MPLA avec les Mbundu ( Mouvement populaire de libération de l’Angola) connait depuis sa création, trois grands opposants politiques. l’UNITA, crée en 1966 avec les Ovimbundu (Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola) ainsi que le FLNA (Front de Libération Nationale de l’Angola) d’Holden Roberto et de Jonas Savimbi. En effet, ces trois partis étaient les mouvements d’opposition à la colonisation portugaise puis, c’est lors de l’Indépendance en 1975 que ces trois mouvements se sont divisés. En effet, la volonté de mettre en place un régime multipartiste à partir de cette date échoue.

Le MPLA, va profiter de l’appui de Fidel Castro, ( et donc de l’URSS) pour se procurer des armes et assouvir son désir de pouvoir tout en formant ses chefs militaires et hauts dirigeants. En URSS pour les cadres politiques et à Cuba, pour les cadres militaires. Le MPLA soutenu par l’URSS et Cuba contrôla les zones productrices de pétrole comme la province de Cabinda (3/4 du revenu national brut de l’Angola, 5e producteur de pétrole d’Afrique).

Mais, cette intention de vouloir imposer un parti unique engendra, trois grandes périodes de guerres civiles. L’une à partir de l’Indépendance du pays, en 1975 jusqu’en 1991, de 1992 à 1996 et la dernière, de 1996 à 2002. Il faut d’ailleurs signaler que la guerre civile s’est uniquement terminée par la mort violente du chef de l’Unita Jonas Savimbi (qui a toujours été le chef du parti) tué par balle. Cependant, il y eu tout au long de cette période des tentatives de paix qui échouèrent rapidement. Par exemple, en 1988 avec les accords de New-York et en 1944 MPLA et l’Unita singèrent un accord de paix en Zambie qui ne fut malheureusement pas respecté.

L’Unita, a reçu l’aide des Etats-Unis, de France et d’Afrique du Sud, et grâce à cela le parti pût contrôler les régions productrices de diamants alors que le FLNA, lui, il est financé directement par la CIA (Central Intelligence Agency) et est soutenu par le Zaïre voisin.

Pour finir, depuis que le MPLA a déclaré l’Indépendance du pays à la capitale Luanda 11 Novembre 1975, le MPLA a toujours remporté les élections, comme le prouve le vote en septembre dernier où le candidat José Eduardo Dos Santos a remporté les élections avec 73% des voix contre 18,2% des voix pour l’UNITA .

t t t t t t

Ressources

V. Le processus de paix: L'accord de Bicesse, son échec et ses conséquences

Jelena

Introduction

Au fin des années 80 il est devenu clair qu'une solution militaire serait improbable, et sur fond de l'indépendance de la Namibie suivi par une transition pacifique à une démocratie, on a assumé qu'une telle transition serait aussi possible en Angola. Après la fin de la guerre froide l’Angola a perdu l’importance comme lieu d’une guerre de procuration et l’Angola et Cuba ont fait appel à une mission de l'ONU, la UN Angolan Verification Mission (UNAVEM) qui assurait le retrait des troupes cubaines (Michael, 2003).

L’accord de Bicesse

Finalement les négociations ont abouti à l’accord de bicesse, grâce à la participation du Portugal, des Etats-Unis et de l’Union Sovietique (connu par « Troika »), qui met en place un armistice, la création d’une armée nouvelle et unie, la démobilisation des troupes excédentaires, et finalement la restauration de l’administration gouvernementale des régions UNITA, un parlement multipartite reconnaissant l'UNITA comme parti politique et des élections présidentielles (Michael, 2003).

L'échec

L’échec de cet accord est explicable par diverse raisons (Messiant, 2004) : Bien qu’il s’agisse d’un conflit international, l’accord n’inclusait pas une clause qui met fin au soutien de l'URSS ou des Etats-Unis. Il n’y avait aucune pression pour créer un gouvernement de transition qui aurait pu établir la confiance entre les deux partis et renforcer les institutions en train de se démocratiser. L'établissement d’un gouvernement de coalition aura du éviter les risques d’un résultat « winner takes all ». Donc ni le MPLA ni l’UNITA s’intéressaient à une réconciliation ou une démocratisation: Avec la chute de l'URSS la situation a drastiquement changé en faveur de l’UNITA (soutenu par l'ONU) qui se sentait sûre, comme la communauté internationale, de gagner les élections. L'UNITA avait même refusé l’option d’une coalition gouvernementale avant les élections. Pour l'ONU, affirme l’auteur (Messiant, 2004), la paix n’était pas le but principal de l’accord, mais le chemin le plus facile pour l’UNITA de prendre pouvoir. C’est pourquoi la mission de l'ONU était si marginale comparée avec celles en Namibie ou au Cambodge. Ensuite, la structure de l’accord n’a pas changé le statut des partis, ça veut dire que le seul pouvoir de l’UNITA était toujours l’armée, et donc elle n’avait aucun intérêt à un désarmement. Finalement, même si les conditions minimales politiques et militaires n’ont pas été réunies, l'ONU a déclaré les armées dissoutes et a donné feu vert à l’élection.

Après la victoire claire de la MPLA, l'ONU (avec le rôle de superviseur) a forcement du déclarer l’élection généralement libre et juste, donnant donc de la légitimation à la MPLA. Bien que l’UNITA se soit préparé pour une guerre (en ce moment-là avec une supériorité militaire car ils sont restés armés pendant que l’armée du gouvernement s’est désintégrée) et la communauté cherchait à négocier des nouvelles conditions plus équilibrées, la MPLA ne voulait plus lâcher son pouvoir et est entrée en guerre. En 1993 l’ONU a reconnu le gouvernement d’Angola pour la première fois, en libérant le chemin pour des sanctions contre l’UNITA.

Conséquences

La situation a donc été bouleversée : d’une situation où deux partis hégémoniques se combattaient pour le pouvoir, chacun soutenu par des grandes puissances et tous les deux sans légitimité d’être au pouvoir, (avec un certain avantage pour l’UNITA) à une situation d’un gouvernement de la MPLA reconnu et soutenu par le monde international (avant tout l’ONU), qui lutte contre une rébellion illégitime (cette fois-ci l’UNITA). Cette nouvelle asymétrie est fondamentale pour comprendre les événements suivants : La nouvelle tentative de désarmer l’UNITA et l’intégrer au gouvernement avec l’accord de Lusaka jusqu’à la conclusion qu’il faut mener une « guerre pour la paix » avec le but de la destruction totale de l’UNITA militaire.

Ressources

Frandrych, S. (2002). Angola: Augf dem Weg vom militärischen zum politischen Frieden (http://library.fes.de/pdf-files/iez/50051.pdf, vu 12.12.2012)

Messiant, C. (2004). Why did Bicesse and Lusaka fail? (G. Meijer, Hrsg.) Accord: From military peace to social justice? The Angolan peace process , 15, S. 16-23.

Michael, C. (2003). Peace Agreements in Angola and Implications for Governance. (Accord, Hrsg.) Conflict Trends , S. 14-18.

http://www.c-r.org/accord/angola

VI. Situation géopolitique actuelle de l'Angola.

Jean-Baptiste

En 2002, la mort du leader de l’UNITA, Jonas Savimbi, mit fin à plusieurs années de guerre civile. Depuis, l’Angola a vu son économie enfin repartir dans une croissance plutôt forte ces dernières années (taux de croissance à deux chiffres par an sur la dernière décennie) grâce à une paix enfin établie. Le MPLA, toujours au pouvoir, a pu réunifier le pays, et ainsi faire enfin entrer le pays dans une période plus calme, et plus prospère économiquement. Sur le plan de la diplomatie régionale et internationale, l’Angola reste toujours marqué par les années de conflits qui l’ont dévasté.

Les ressources de l’Angola sont nombreuses : en effet, le pays est majoritairement bien arrosé, ce qui permet de posséder un potentiel agricole important, mais qui serait toujours sous-exploité. L’Angola reste ainsi un pays d’économie à la structure encore marquée par le secteur primaire : 85% de la population fait partie de ce dernier, produisant seulement 8% des richesses du pays. La côte et la province de Cabinda, toujours intégrée à l’Angola au nom du principe de l’intangibilité des frontières, reconnu par la plupart des pays du continent africain, sont particulièrement riches en pétrole et autres hydrocarbures. En 2004, 92% des exportations du pays concernaient les hydrocarbures. L’extraction des diamants, quant à elles, représentent 7% environ des exportations. L’économie de l’export angolais est donc entièrement structurée par des ressources géologiques primaires et non renouvelables. Si cela permet au pays de faire entrer massivement des devises étrangères et d’entretenir des relations privilégiées avec des pays comme la Chine, cette dépendance envers la rente pétrolière ne peut stabiliser à long terme son économie. Il est à noter ici que la balance commerciale de l’Angola est largement bénéficiaire, ce qui peut être un atout pour le pays à court et moyen terme. Si nous avons citons la Chine, ce n’est pas un hasard puisque l’Angola est l’un des premiers fournisseurs de pétrole du géant asiatique, consommateur croissant d’or noir. Les autres partenaires économiques principaux de l’Angola sont l’Union Européenne, les Etats-Unis et l’Inde. Les Etats-Unis sont par ailleurs aujourd’hui le premier exploitant et le premier importateur de pétrole angolais, mais le Portugal, ancien colonisateur, reste le principal partenaire du pays.

Les relations avec l’Afrique du Sud, dominant toute la région d’Afrique Australe, restent quelques peu tendues après les ingérences du pays de l’Apartheid en Angola dans les années 1980. Cela, malgré les visites diplomatiques et rencontres bilatérales qui ont suivi l’élection de Jacob Zuma en 2009. L’Afrique du Sud, puisqu’il faut en parler, domine complètement tant économiquement que diplomatiquement la région. En effet, à en croire Le Monde Diplomatique de décembre 2012, la nation arc-en-ciel reste le moteur régional, et son appartenance au groupement BRICS (Brasil, Russie, India, China, South Africa) lui permet de laisser les pays moins méridionaux dans son ombre (Namibie, Malawi, Angola, Mozambique, Zimbabwe, Zambie, Lesotho, Bostwana et Swaziland). Diplomatiquement, l’Angola a cher payé les années d’instabilité. Si sa plus grande priorité est d’assurer le maintien de sa frontière au nord avec le Congo Kinshasa, il est resté jusqu’à aujourd’hui plutôt discret dans les instances internationales, comme l’ONU, mais compte jouer un plus grand par une politique extérieure un peu plus volontariste ces dernières années sur le continent africain. Ainsi, l’ancienne colonie portugaise a été élue en janvier 2012 au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPSUA) pour un mandat allant jusqu’à 2014. De plus, l’Angola s’est engagé plus volontairement dans diverses institutions internationales, comme le CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique centrale) et la SADC (Communauté de Développement d’Afrique Australe), ou encore la CGG (Commission du Golfe de Guinée). Pour ce faire, l’administration du président Dos Santos a mené une politique extérieure visant à normaliser les relations diplomatiques avec nombre de pays autrefois hostiles voire franchement ennemi. L’ouverture de l’économie de marché a aussi permis de nouer des liens, notamment avec les Etats-Unis. Enfin, l’Angola est membre depuis quelques années (janvier 2007) du puissant club fermé de l’OPEP, Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, véritable cartel de l’or noir. Enfin, il est naturellement membre de l’OPLP (Organisation des Pays de Langue Portugaise), dont Luanda a assuré la présidence entre de juillet 2010 à juillet 2012, et a monté une alliance militaire avec une autre ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau.

Sur le plan de sa géopolitique intérieure, le pays voit toujours les revendications émancipatrices de la province de Cabinda, l’une des plus riches en pétrole. Cette province est séparée du reste de l’Angola par une bande côtière d’environ 60km de long, qui constitue l’unique accès maritime du Congo-Kinshasa. L’attaque menée lors de la coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2010 contre des militaires escortant l’équipe togolaise de football a rappelé la non résolution du conflit qui gangrène la Cabinda depuis l’indépendance de l’Angola et son rattachement de fait à ce dernier. La question de l’indépendance, ou non, de la province ne pourrait se régler qu’avec le droit international, invoqué par les indépendantistes et Luanda. Les premiers évoquent le traité plaçant sous mandat portugais la province, statut différent de celui de colonie de l’Angola. L’administration du pouvoir centrale évoque le principe de l’intangibilité des frontières, reconnus par la plupart des pays africains durant la période de la décolonisation, et visant à préserver l’intégrité territoriale de pays dont l’écrasante majorité des frontières furent tracées par les européens. Le pétrole est sans doute aussi à l'origine de l'inflexibilité de Luanda sur cette question.

En conclusion, il est à noter que le pays tout entier est marqué par les décennies de guerre civile. Malgré une croissance à deux chiffres, les inégalités persistent, et sur le plan diplomatique l’Angola reste en marge, malgré son jeu sur deux théâtres géographiques dont il est à la charnière, l’Afrique centrale et l’Afrique Australe. C’est ce jeu qu’a choisi de mettre en avant le pouvoir tenu par le MPLA, et qui semble aujourd’hui le plus à même de faire entrer véritablement l’Angola sur la scène internationale. L’avenir nous dira si cette situation peut être pérenne.

Sources :

Bibiographie

  • Pierre Gentelle, Denis Eckert, Bernard Elissalde et Michel Foucher, Géopolitique du Monde contemporain, Nathan, Paris, Collection Nouveaux Continents, 2008.
  • Roland Pourtier, Philippe Dugot, Jean-Michel Henriet et Gérard Loison, Géopolitique de l'Afrique et du Moyen-Orient, Nathan, Paris,Collection Nouveaux Continents, 2012.
  • Armelle Enders, Histoire de l'Afrique Lusophone, Chandeigne, Paris, Nouvelle éd. 2007.

Sitographie :

Ressources internet

VII. MPLA, Corruption, et développement

Pierre Francou

Introduction

On pourrait imaginer un avenir plus en couleur pour l’Angola. Après tant d’années de guerre civile, l’Angola a, a priori, réussi à « unifier » son pays, excepté le cas particulier de Cabinda. Toutefois, l’unité du pays a l’air de se renforcer. Avec un innombrable potentiel en ressources naturelles, le pays connaît à nos jours une bonne croissance et une exportation de pétrole, qui participe activement à l’économie du pays ; ou presque.

Symptômes

Il est finalement assez simple de voir qu’il y a un réel problème dans la gouvernance du pays. On a en premier lieu, une gestion publique plus qu’opaque. Une entreprise publique comme Sonangol faisant des profits faramineux. Une capitale où la vie est très chère avec une contradiction criante entre la richesse qui flirte avec une énorme pauvreté. De plus, le fossé des inégalités ne tend qu’à se creuser. L’autre symptôme majeur, est la contradiction entre les profits du pays et la dépendance importante aux O.N.G et aides humanitaires. Human right Watch a signalé la disparition à nos jours de plus de 30 milliards de dollars provenant de la manne du pétrole. Et le pays a été classé en 2009 dans le top 10 des pays les plus corrompus du continent. Alors le gouvernement répond que le remboursement des dettes liées aux armes et la reconstruction du pays coute très cher à l’État.

Conséquences

La corruption est en effet un des obstacles majeurs au développement de l’Angola. La faiblesse institutionnelle et l’instabilité, que trop proche derrière eux, n’apportent pas un climat favorable. Ajouté à cela un manque, de transparence, de liberté de la presse, et une oligarchie dirigeante trop contente de conserver ses privilèges. Et nous voilà, dans un rapport de force extrême entre un pouvoir surpuissant et une population souffrante.

Conclusion

Et voilà qu’en septembre 2012 José Edouardo dos Santos est réélu. Le MPLA reste donc au pouvoir. Cela n’est pas un signe de rupture mais plutôt de continuité. Qui plus est, face à ce constat le peuple meurtrit n’a plus la force, ni l’envie de se battre. En témoigne cet habitant de Luanda interviewé par Libération : « Ce qui nous perturbe, c'est cette paix à reculons. On n'arrive pas à y croire, alors on bouge le moins possible ». La question maintenant est comment cela peut changer ?

Ressources

http://www.liberation.fr/monde/0101252058-dans-la-capitale-angolaise-la-corruption-est-le-plus-sur-moyen-de-vivre-depuis-la-guerre-luanda-zone-de-survie

http://poldev.revues.org/135