Le Brésil a fêté en 1999 les 500 ans de sa découverte, 500 ans durant lesquels il s'est (re)construit. Le plus souvent, la construction n'est partie de rien, ses instigateurs pouvant alors se livrer à des innovations audacieuses, notamment au niveau des villes. Nous essaierons ici de dresser un panorama de quelques une de ces villes, que ce soit Brasilia, la capitale construite de toutes pièces et son célèbre “plan d'avion” ou les nouvelles villes pionnières, qui en quelques décennies doivent faire face à un afflux majeur de population. Mais nous nous pencherons aussi sur les innovations en termes de politique urbaine, de la démocratie participative dans les favelas de Porto Alegre au projet d'écologie urbaine de Curitiba.

Brasília est la capitale du Brésil. Elle ne fait pas partie d’un Etat mais du distrito federal, dont elle est la capitale. Le Distrito Federal (ou DF) centralise une partie des institutions nationales comme les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). C'est une région administrative autonome qui possède un statut particulier différent de celui des autres États fédérés. Brasília fait partie des capitales les plus récentes au monde. En effet, Brasília a été construite de toutes pièce, sous l’impulsion du Président Juscelino Kubitschek (Président du Brésil de 1956 à 1961), afin d’attirer la population et l’activité vers les terres. Brasília aurait aussi été bâtie pour mettre fin à l’affrontement entre Rio de Janeiro et São Paulo, essayant chacune de s’imposer comme « centre » du Brésil.

Ses principales infrastructures et bâtiments ont été construits en seulement 1000 jours et Brasília a été inaugurée le 21 avril 1960. Elle s’est peuplée rapidement pour atteindre aujourd’hui 2 millions d’habitants.

Du fait que Brasília ait été construite de toutes pièces, elle a pu être l’objet d’expérimentation en termes d’aménagement. C’est Lucio Costa, urbaniste brésilien, qui a imaginé le plan de la ville en forme d’avion (voir Photo) et le lac artificiel. Il a pensé la ville pour la vie : les quartiers résidentiels sont organisés en quadras (tout le long de l’Eixo Rodoviario, voir plus bas) disposant de commerces notamment. La ville s’organise autour de deux axes perpendiculaires (l’Eixo monumental (qui, vu du ciel, forme une flèche qui aboutie à la place des 3 pouvoirs (où sont regroupés le palais présidentiel, le Congrès national et le Ministère de la Justice) et l’Eixo Rodoviario)

Ci dessous, du croquis de Lucio Costa à aujourd'hui:

L’architecture des principaux bâtiments a été confiée à Oscar Niemeyer (qui a notamment dessiné les plans du siège du parti Communiste en France) : La Cathédrale, le Congrès, le ministère des affaires étrangères. Ci dessous, le Congrès et la Cathédrale :

L'œuvre de ces deux hommes a permit à Brasília d'être déclarée comme faisant partie du Patrimoine Mondiale de L'Humanité par l'UNESCO en 1987. Pour plus d'informations sur l'urbanisme, Cliquez ici

Vous pouvez aussi jeter un oeil à ce reportage de “Faut Pas Rêver” sur Brasília et Curitiba: Cliquez ici

Curitiba, la deuxième ville sur laquelle nous allons nous pencher, est aujourd’hui considéré comme un modèle d’innovation urbaine, notamment en matière d’environnement. La ville a souhaité allier croissance économique, développement social et protection de l'environnement et définir des actions dans l'esprit d'un développement durable. Nous allons revenir ici sur ses majeures réalisations (dont on parle, pour la plupart,dans le reportage ci-dessus) :

Curitiba a d’abord innové par sa politique des transports. Face aux embouteillages communs à toutes les villes brésiliennes, Curitiba a lancé un système de transport en commun efficace, e Système intégré de transports comprend 221 stations-tubes dont 25 de correspondance, réparties sur 340 lignes, longues au total de 1100 km dont 60 km de voies réservées utilisées par 1902 bus parcourant 316 000 km et transportant 1,9 million de passagers par jour. Plus de 85 % des habitants utilisent les transports en commun… Et 89% sont satisfaits de ce système ! grâce à ces transport en commun, la municipalité a réussi à pousser les habitants et les entreprises à s’installer le long des axes prévus, afin de limiter l’étalement urbain. Curitiba contrôle son développement. Curitiba est, de plus, la première ville du Brésil à mettre en place des rues piétonnes (en 1971)

La municipalité a mis sur pied des programmes afin que la ville soit un modèle environnemental. Outre les transports en communs et les rues piétonnes, Curitiba dispose aujourd’hui de nombreux espaces verts. Mais surtout, elle a mis en place un programme où elle échange des fruits et des légumes aux habitants des quartiers populaires contre des déchets recyclables : pour un kilo de déchets recyclables, elle offre un kilo de fruits et de légumes frais. C’est donc une véritable politique sociale mais qui de plus, éduque à la préservation de l’environnement. Par ailleurs, pour contribuer à la formation continue de différents publics, la municipalité a créé l'Université libre de l'Environnement. L'objectif visé est de diffuser les connaissances et les pratiques environnementales et faciliter des comportements plus respectueux de l'environnement.

Pour son travail, en juin 1996, au deuxième sommet mondial des maires et urbanistes qui s'est tenu à Istanbul, Curitiba a été récompensée comme la cité la plus innovante au monde.

Un article du Monde Diplomatique sur la démocratie participative à Porto Alegre