La Pixação

Clémentine N°2121918 Année 2012-13

La pixação est une pratique graffiti née à São Paulo et Rio De Janeiro qui consiste à tagger les murs avec des marquages de style cryptique. Ces “marquages” ressemblent énormément aux runes, cependant il est difficile de dire si les pixaçadores s'en sont inspirés. Un témoignage explique que ce style est parfaitement adapté aux conditions dans les quelles les pixadores pratiquent : ils doivent se tordent et tenir en équilibre. Les courbes sont plus difficiles à réaliser à 50 mètres de hauteur. Lors de la première vague de la pixação moderne, au début des années 80, les pixadores s’inspirent des logos et des typographies utilisés par des groupes heavy métal qui adoptent le style cryptique. Quant au terme pixação, il vient de “piche”, (“goudron”) en référence à son utilisation initiale. Au début du mouvement, on utilisait le goudron pour marquer les murs de façon indélébile. Aujourd'hui, la bombe de peinture et le rouleau ont remplacé le goudron.

Cette pratique a vu le jour dans les années 1960, période où le Brésil change de capitale et passe de Rio de Janeiro à Brasilia. Elle connu un “vide” durant les années 70 puis est revenu dans les années 80 avec le mouvement punk de l'époque. Depuis cette période, l'objectif de la picaçao est resté le même : refuser un système qui nie la pauvreté, exprimer sa colère, dénoncer et inscrire son nom de façon visible par tous.

Les pixadores sont très nombreux à Sao Paulo et à Rio de Janeiro, ce qui engendre une réelle concurrence entre les différents “crew”. Leur “terrain d'affrontement” est la rue et ses immenses immeubles. Les pixadores n'ont pas froid aux yeux, car ils escaladent le plus haut possible pour pouvoir imposer leur blazes et/ou leur revendications à l'ensemble de la population, puisque leurs tags sont extrêmements visibles. Cette pratique mêle donc peinture et escalade. Les pixadores proviennent majoritairement de la périphérie de la ville.

Il est important de préciser que la pixação n'a pas pour but d'être jolie, mais plutôt de dégrader. D'ailleurs, cette pratique est considérée comme étant la plus vandale dans le monde du graffiti. Pas question non plus d´institutionnaliser le mouvement : les pixadores se sont ainsi récemment attaqués à la Biennale de São Paulo. Les « dessins » contestataires de Caroline Pivetta, lors de la biennale de 2009, lui ont coûté 4 ans de prison. La pixaçao peut être considérée comme une agression visuelle car elle est faite pour être vue et détestée. Cependant, elle est illisible pour ceux qui ne connaissent pas l'alphabet utilisé.

Ce qui m'a d'abord impressionné c'est bien sur les conditions de création des pixaçaoes, mais aussi le foisonnement de cette pratique au sein du paysage urbain. On en vient presque à se demander si la police les poursuit tant il y en a…

Pour finir, je vous propose cet extrait de “Détruire avec la ville” de Benoit Cary. “Comme l’a étudié Alexandre Barbosa Pereira, chercheur en anthropologie urbaine à l’Université de São Paulo, les pixadores s’approprient la ville la nuit à partir d’un point de rencontre central qu’ils nomment le « point ». Ce lieu de socialisation a tendance à se déplacer sous l’effet de la répression policière. Or, note Pereira, le fait qu’il demeure toujours au centre de la ville est révélateur : malgré les importantes distances qui peuvent séparer une favela d’une autre, le centre demeure un espace de socialisation intermédiaire. Une certaine reconnaissance mutuelle entre les pixadores s’exprime par le partage d’un ensemble de codes attribués à la favela. Ayant participé à plusieurs séances d’observation participante, Pereira affirme que la première question que l’on pose à un nouveau pixador est « de quelle favela es-tu ? ». On perçoit négativement la non- appartenance à la favela. La localisation centrale du point permet également au pixador de laisser sa marque au centre de la ville, ce qui est nécessaire afin d’obtenir une visibilité et, ainsi, une meilleure reconnaissance de ses pairs : « ce n’est qu’en peinturant [pichando] le centre de la ville que l’on devient un véritable pixador ». En effet, « circuler dans la ville et laisser sa marque est la règle principale de la pixação ».”

Fotografia

Trabalhos literários

http://benoitdecary.files.wordpress.com/2012/06/decc81libecc81rant_pixo_bienal.pdf

→ Détruire avec la ville. Le phénomène de la « pixação » à São Paulo, par B. Decary

http://www.allcity.fr/pdf/allcity_pixacao.pdf → Pixaçao Sao Paulo - Signature par François Chastanet

http://www.altamiraeditorial.com.br/descricao.asp?id=2&id_livro=31&idc=2 → PICHAÇÃO NÃO É PIXAÇÃO par Gustavo Lassala

Vídeo

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