A - Fiche d'auto-formation "Identité"

Autores

Iasi : Mihaela Lupu Lyon 2 : Ana Paula Costa et Mariana Frontini

Bloco

Bloc A : Prise de conscience Intercompréhension

Título

Identité linguistique et culturelle

Objectivos gerais:

Réfléchir sur son identité linguistique et culturelle en mouvement
Se situer dans son écosystème linguistique
Réfléchir au rôle de l’émetteur et du récepteur en contexte plurilingue

Objectivos específicos:

Encourager une réflexion sur la dimension socioculturelle de l’apprentissage des langues étrangères.
Alimenter des débats en présentiel pendant la phase 0, ou en équipe institutionnelle (GI).
Aider à la réalisation de sa bibliographie langagière.

Palavras-chave:

altérité, respect, s'assumer, identité, contexte social, interaction, “choc linguistique”,“choc culturel”

Tempo previsto:

2 heures

Actividades:

Lisez les extraits suivants :

« Les gens vous disent : Ah ! quelle chance vous avez de pouvoir voyager ! Vous êtes allée en Inde, au Japon, au Mexique, à Tombouctou – comme je vous envie, c’est extraordinaire !
D’accord, aller dans un pays étranger, c’est souvent intéressant. Mais c’est, aussi, déstabilisant. Angoissant. Déboussolant. Je ne sais pas comment on fait pour l’oublier. Chaque fois que je traverse une frontière, je me rappelle : Ah oui. C’est comme ça, encore. La détresse de l’étranger. Je suis une femme mûre maintenant : dans la rue même en Italie et en Espagne, les hommes ont cessé de me suivre, de me frôler, de me reluquer, de me susurrer des saletés à l’oreille ; par ailleurs j’ai acquis mille formes de confiance et de savoir-faire, et pourtant … ça m’angoisse encore, le pays étranger.
Dès que je me trouve de l’autre côté de la frontière : la langue. Mur opaque. Etres impénétrables ; Ils rient, on ne sait pas pourquoi. Ils se fâchent, s’excitent, s’interpellent, on ignore de quoi il s’agit. Ce n’est pas loin d’être cauchemardesque, quand on y pense. Même si l’on ressemble physiquement aux autochtones , ce qui n’est pas toujours le cas, on est vite repéré. Il suffit qu’on prononce un seul mot et ils le savent : on est pas d’ici. « je… » Non. Pas je. Trouvez autre chose. On est bâillonné. On balbutie, on bégaie, on ne sait rien dire du tout. On sort son Guide vert, on feuillette les pages « expressions courantes », on ânonne quelques syllabes et les gens ricanent, vous regardent de travers. On est débile.
A Paris c’est pareil, pour peu que vous écorchiez le français. Les gens qui ne parlent aucun mot d’aucune langue étrangère – et qui, pour cette raison, au fond d’eux-mêmes, considèrent le français comme une langue « naturelle », « donnée », révélée » - sont particulièrement susceptibles de s’étonner devant vos malheureux efforts pour vous débrouiller dans leur langue. Vous-même en connaissez sept ou huit autres, si ça se trouve, mais si vous négligez d’accorder un adjectif à son substantif, gare à vous ! Ils prendront le même air condescendant, légèrement apitoyé mais en même temps agacé (« tout de même vous le faites exprès ? », que si vous aviez porté à l’oreille une fourchette chargée de purée. »
In Nord Perdu - Nancy Huston, pp76-78

« Il n’y a d’autre moyen de communiquer avec les peuples dont on ignore la langue que d’apprendre cette dernière. C’est là la marque du respect et de l’amour. »
In Dictionnaire amoureux des langues – Claude Hagège, p.169

« Les apprenants adultes sont également plus souvent sensibles aux phénomènes appelés choc linguistique et choc culturel, qui proviennent d’une prise de conscience très déstabilisante : le premier renvoie au sentiment de ne pas pouvoir s’exprimer avec la même aisance et aussi correctement que dans la langue maternelle, le second au sentiment de ne pas pouvoir utiliser dans le contexte de la langue étrangère les comportements et les mécanismes de résolution de problèmes qui sont bien installés dans la langue maternelle. La peur liée à ces deux phénomènes est due à la prise de conscience d’une nécessaire accommodation identitaire (Schumann 1975) : elle est aussi de nature à renforcer l’inhibition, qui entrave l’apprentissage ». In, K. Vogel, L’interlangue. La langue de l’apprenant, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1995, p. 176

« (…) quanto mais me assumo como estou sendo e percebo a ou as razões de ser de porque estou sendo assim, mais me torno capaz de mudar, de promover-me(…).
(…) a assunção se vai fazendo cada vez mais assunção na medida em que ela engendra novas opções, por isso mesmo em que ela provoca ruptura, decisão e novos compromissos.
(…) A assunção de nós mesmos não significa a exclusão dos outros. É a « outredade » do « não eu », ou do tu, que me faz assumir a radicalidade do meu eu. »
In Pedagogia da autonomia – Paulo Freire, pp.39-41

« Nu cunosc un dar mai frumos din partea unui musafir străin decât acela de a-mi elogia țara în limba casei mele. » (Grigore Vieru, poète)

« Cel ce nu cunoaște limbi străine nu are idee de a sa proprie » (Goethe)

« Aunque por un lado numerosos lingüistas resaltan la igualdad teórica de la lengua, por el otro no es posible negar que esta igualdad rara vez es aceptada por la sociedad. Las lenguas siempre se valoran también socialmente. Para ello, se realiza desde la posición social de los hablantes la extrapolación a su lengua, y se transfiere a la lengua el estatus de los hablantes. En esta lógica, se impulsan las lenguas con estatus y prestigio altos, mientras que otras de bajo prestigio son abandonadas o incluso combatidas. »
In Política del lenguaje y planificación para los pueblos amerindios: ensayos de ecología lingüística - Klaus Zimmermann, 1999 p.9

Materiais a consultar:

ARAÚJO E SÁ, M.H., CEBERIO, M.E. & MELO, S. (2007). “De la présentation de soi à l’interaction avec l’autre. Le rôle des représentations dans les rencontres interculturelles plurilingues. Lidil, 36, pp. 119-139 (http://lidil.revues.org/index2493.html

PIEROZAK, Isabelle, « CALVET, Louis-Jean – Pour une écologie des langues du monde, Paris, Plon,1999, 304p. », Cahiers d’études africaines, 163-164, 2001 [En ligne], mis en ligne le 25 mai 2005. URL : http://etudesafricaines.revues.org/index131.html

VOGEL, Klaus – L’interlangue. La langue de l’apprenant, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1995 (trad.fr.)

Bibliographie pour aller plus loin :

ARAÚJO E SÁ, M.H. & PINTO, S. (2006). “Imagens dos outros e suas línguas em comunidades escolares: produtividade de uma temática de investigação em educação linguística. In R. Bizarro (org.). A escola e a diversidade cultural. Multiculturalismo, interculturalismo e educação. Porto: Areal Editores, pp. 227-240.

FREIRE, Paulo, Pedagogia da Autonomia - Saberes Necessários à Prática Educativa, Editora Paz e Terra, Coleção Saberes, 1996, 36a Edição

HAGEGE, Claude, Dictionnaire Amoureux des Langues, Paris, Plon,Odile Jacob, 2009

HUSTON, Nancy, Nord Perdu, Suivi de Douze France, Paris, Actes Sud, Babel, 1999

MORIN, Edgar, L’identité humaine – Tome 5 de la Méthode ; Vol.1 de L’Humanité de l’Humanité, Paris, Editions du Seuil, 2001

ZIMMERMANN, Klaus, Política del lenguaje y planificación para los pueblos amerindios: Ensayos de ecología lingüística, Madrid: Iberoamericana, Frankfurt am Main: Vervuert, 1999.

www.sorosoro.org

www.ethnologue.com

Pistas de reflexão:

(partie à envoyer à l’animateur et/ou à insérer dans le Cahier de Réflexion.)

- Quelles réflexions la lecture de ces documents te suggère-t-elle ?

- Qu’est-ce que tu as appris sur toi en tant qu’acteur linguistique, émetteur et récepteur, dans ton écosystème linguistique ?

- Est-ce que la réflexion sur une langue étrangère t’a fait réfléchir sur ta langue maternelle ?

- Comment la réflexion que tu as menée pourra-t-elle t’aider dans la communication avec l’autre, l’étranger ?

- As-tu jamais vécu le « choc linguistique » ou le « choc culturel » en visitant un pays étranger ? Si oui, quelles stratégies as-tu mises en place pour le(s) surmonter ?

- Dans quelle mesure l’apprentissage de l’intercompréhension en langues romanes peut-il t'aider à surmonter des difficultés sociolinguistiques ?