Parler portugais

Parler une langue, quelle qu'elle soit, c'est inventer la forme de ce qu'on dit au moment où on le dit. Ce n'est donc pas répéter, ou lire un texte. Dans le cas d'une langue qui n'est pas la nôtre, c'est quand même créer la forme dans la langue qu'on apprend. Alors, naturellement, cette forme n'est pas la même que celle d'un natif, et il est permis de ne pas utiliser des formes usuelles et correctes, mais on doit chercher à être compris. Cette forme s'appelle interlangue et contient des éléments linguistiques issus d'autres langues, et des formes idiosyncrasiques.

Mais la forme n'est pas tout : à quoi bon parler si on n'a rien à dire, si on n'a pas de message à transmettre, s'il n'y a pas un contenu dans ce qu'on dit. Chacun est source de sens, et devra chercher à faire passer ce sens dans une langue qui n'est pas la sienne, tel qu'il le fait dans la sienne. Et on peut penser qu'il le fera mieux dans la sienne en ayant tenté de la faire dans une autre. Quoi qu'il en soit, le contenu précède la forme, le sens précède les signes.

Lorsqu'on parle, c'est toujours avec quelqu'un ou à quelqu'un, de même que lorsqu'on écrit. La base de tout apprentissage des langues, c'est l'interaction. Cette base-là, l'interaction, stimule l'apprentissage.

La parole a un effet sur les autres qui réagissent à ce qu'on dit quand ils comprennent et même quand ils ne comprennent pas. De plus, parler est un acte, il se passe quelque chose quand on parle. La véritable évaluation de la parole dans une langue qu'on apprend, c'est l'effet qu'elle produit.

Il n'est pas nécessaire d'être toujours grave et sérieux pour s'exprimer, au contraire. L'humour, l'imagination, le jeu, sont des conditions d'apprentissage des langues aussi.

Il faut aussi disposer de liberté pour dire ce qu'on veut.

On doit donc :

  • avoir quelque chose à dire
  • dire ce qu'on pense
  • dire ce qu'on veut dire
  • parler de soi
  • faire agir en parlant
  • inventer, imaginer, choisir